Coincé entre le disque SSD et le stockage sur cloud public, le disque dur rotatif fait de la résistance. Son prix et ses caractéristiques le destinent au partage de fichiers en réseau NAS et à la vidéo-surveillance en particulier.
Les technologies de stockage et de protection des données n’ont jamais été aussi nombreuses. Comment faire un choix durable entre disques durs SATA/SAS, disques SSD, boîtiers NAS (Networked Attached Storage) mixtes ou hybrides ?
Le disque SSD n’est plus réservé aux seuls modèles haut de gamme de PC ou de serveurs. Il permet de booster un micro-ordinateur portable vieillissant, mais pas seulement. Il s’impose aussi dans les salles blanches des centres de données, lire le témoignage de l’infogérant Gosis.
Un média testé pour le fonctionnement continu
« Si le coût d’acquisition du disque SSD demeure plus élevé que celui du disque traditionnel, son coût global de possession est sans contredit plus faible. Un seul disque SSD peut soutenir une charge de travail sur serveur équivalant à plusieurs disques mécaniques » soutient Marc Therrien, architecte de solutions de stockage à Montréal.
La comparaison des capacités brutes par unité plaide toujours en faveur du disque rotatif, rétorque Rainer Kaese, directeur du développement de Toshiba Electronics Europe :
« On enregistre davantage de données sur un nombre croissant de plateaux au format standard de 3,5 pouces, ce qui permet au disque NAS actuel d’offrir jusqu’à 8 Tera-octets. »
Selon lui, le disque dur rotatif s’est adapté aux systèmes NAS et aux solutions de vidéosurveillance ; il est conçu et testé pour assurer un fonctionnement fiable et continu, en 24/7. A présent, ses capteurs contribuent à réduire les vibrations provoquées par plusieurs disques placés dans un même boîtier.
Si les caméras de vidéosurveillance 4K ne représentent que 2% du marché en 2016, elles devraient atteindre 29% en 2020 (source IHS Markit). Le disque dur Purple de Western Digital retient des composants résistants à la corrosion et associe faible consommation et volumétrie élevée (10 To). Il peut ainsi enregistrer sans interruption les flux de 1 à 64 caméras de vidéosurveillance 4K.
Protéger plusieurs dizaines de Tera-octets de fichiers
La barre des 10 To par disque dur NAS sera vite franchie, prévoit Marc Therrien : « La prochaine étape consiste à retenir un disque NAS gonflé à l’hélium, déjà en application sur les grands serveurs, ou des plateaux plus minces pouvant délivrer jusqu’à 14 To et procurer des systèmes plus compacts. De nouvelles technologies d’enregistrement, en cours de développement, l’amèneront à dépasser les 40 To. »
Avec un serveur NAS tel que le ReadyNAS 420 de Netgear, l’entreprise – ou la succursale jusqu’à 40 salariés – bénéficie déjà de cinq niveaux de protection et d’une capacité de stockage jusqu’à 80 To.
La sauvegarde de fichiers devient hybride, locale et synchronisée automatiquement avec les services cloud public Amazon AWS, Amazon Cloud Drive, Dropbox ou Google Drive. Le ReadyCloud étend le partage et la synchronisation de fichiers à un cloud personnel sécurisé par VPN, avec accès local ou distant.
Une sauvegarde incrémentale et programmée au niveau bloc et une restauration vers un second boîtier compatible assurent une réplication des sauvegardes les plus lourdes. De plus, l’environnement VMWare vSphere ESXi 6.0 étant supporté, l’unité NAS de Netgear, vendue à partir de 900 Euros, résiste aux charges applicatives virtualisées.
Chez QNAP, le serveur NAS TS831X combine jusqu’à huit disques durs magnétiques et deux disques SSD M2 pour créer un pool de cache. Les accès au réseau local haut débit sont assurés par deux ports 10 GBE.
Un processeur quadruple-cœur AnnapurnaLabs Alpine AL-314 à 1,7 GHz soutient l’unité conçue pour un cloud privé, dédiée au partage de fichiers, à la sauvegarde et à la restauration de fichiers.
L’évolutivité de la solution est assurée par des baies d’extension, via le support de VJBOD (Virtual JBOD) et de la Container Station facilitant le déploiement de micro-services ou de services IoT.
Dernière limite : l’usage intensif de données critiques
« Le coût des SSD ne cesse de diminuer et certains serveurs NAS haut de gamme les utilisent pour la mise en cache. Les SSD sont parfaits en matière de performances, mais les disques durs traditionnels continuent d’être utiles car ils bénéficient de grandes capacités de stockage à moindre coût. Leur coût par Giga-octet continuera à baisser. Par conséquent, les disques durs resteront un élément essentiel de l’écosystème de stockage pendant au moins les dix prochaines années », projette Rainer Kaese.
Contrairement aux disques SSD, les disques durs conservent des éléments mécaniques et des performances limitées par l’usage de leurs plateaux magnétiques. La consommation électrique et le bruit généré s’en ressentent, en dépit de plusieurs années d’évolution à la baisse. Mais surtout, à capacité comparable, le taux de panne des SSD serait maintenant 13,6 fois inférieur à celui des disques durs, selon Intel.
Logiquement, les disques durs sont relayés à une seconde classe de stockage dans les datacenters, des sites voraces en capacité et où l’on cherche à réduire la facture énergétique.
Ils interviennent désormais derrière les extensions Flash pour serveurs, ou derrière des baies 100% Flash. L’usage des disques SSD s’avère bien adapté aux pics transactionnels du commerce électronique, aux analyses de données massives et aux traitements les plus « chauds » – en particulier aux lectures très fréquentes.
Seagate change de braquet
Dans ce contexte, le géant Seagate se déleste de ses unités de disques HPC haut de gamme (ClusterStor) reprises par Cray. Face à Western Digital – acquéreur de Sandisk – il doit trouver de nouveaux relais de croissance et mise en particulier sur les mémoires persistantes NVDIMM et les disques SSD NVMe destinés aux centres de données.
Seagate vient de lancer son Nytro 5000 NVMe de 2 To en format M2 et le disque Nytro 3000 SAS SSD de 15 To, lors du sommet des mémoires flash qui a rassemblé 6200 professionnels du stockage à Santa Clara du 8 au 10 août derniers. Ce congrès vient de souligner notamment que les applications de streaming s’emparent des dernières avancées du stockage.
Quelques jours auparavant, le comité de direction de Seagate élisait son nouveau PDG, Dave Mosley, précédemment chargé des opérations mondiales. Il succède à Steve Luczo qui a piloté le groupe durant 16 années.
A cette occasion, Dave Mosley a confirmé son ambition de conduire Seagate « au sommet d’une nouvelle ère technologique pour le stockage et la protection des données d’entreprise. »
A présent, le marché des disques durs rotatifs ne compte plus que trois ténors : Seagate, Toshiba et Western Digital ont acquis la plupart de leurs rivaux. En soixante ans d’existence, ce marché a connu au moins 221 prétendants.