Les défis IT à venir sont multiples et difficiles à relever tous ensemble. Confirmation des intervenants de la conférence plénière de Solutions Datacenter Management, le 20 mars 2019.
Eric Vaney, DOSI du groupe Dalloyau a 25 ans d’expérience dans le pilotage des systèmes d’informations. Mais depuis trois ans, il est confronté à un obstacle d’envergure : Il n’est pas question d’accueillir un nouveau datacenter au siège de Dalloyau, situé en plein cœur de Paris, dans un ancien immeuble.
Pourtant, la maison gastronomique doit rénover son infrastructure IT pour la rendre disponible en continu, soutenir les progiciels et les métiers du retail et du B2B : Faire évoluer l’ERP, c’est forcément lié aux données critiques et à l’infrastructure. Dans cette phase, nous recherchions l’accompagnement d’un acteur unique sur trois sujets ; un partenaire capable à la fois d’héberger, d’infogérer et de nous faire évoluer au-delà d’un à deux ans. Nous avons choisi un basculement total du S.I. incluant l’ERP, la BI et la partie bureautique.
Eric Vaney souligne aussi l’importance de faire un choix durable : pour mieux industrialiser les processus, on avait besoin de faire un choix stratégique.
S’affranchir des distances
Le bâtiment retenu, au service des applications et métiers de Dalloyau, se trouve à près de 1000 kilomètres de la Capitale. Il s’agit du datacenter de TAS France à Sophia-Antipolis. La distance n’est pas un point bloquant. Au-delà du siège à Paris, nos équipes sont réparties sur huit boutiques en région parisienne, une à Marseille et une autre au laboratoire de production à Colombes (92). Nous avons mis en place un système d’échanges de ticketing avec des revues mensuelles sur site ou à distance et une revue annuelle pour réviser le schéma directeur, précise Eric Vaney. Il dispose avec l’équipe TAS d’une surveillance continue du système, infrastructures et sauvegardes comprises. Les informaticiens maison peuvent dorénavant se concentrer sur les métiers et les utilisateurs.
Le cas de Dalloyau est celui d’une ETI inquiète de l’évolution de son informatique, difficile à conserver en interne, résume Lionel Faure, directeur marketing et partenariats de TAS France : Le choix d’un partenaire de confiance pour externaliser ses serveurs et obtenir le niveau de services attendu a suivi un processus de consultation à l’issu duquel TAS à été choisi. Toute l’infrastructure et les applications de gestion sont hébergées chez nous à Sophia-Antipolis, avec un système de PRA (plan de reprise d’activités) réparti dans d’autres centres en Europe. Nous sommes un hébergeur, mais notre maison mère italienne est éditeur de logiciels fintech. Notre culture d’entreprise vise à mettre à disposition l’infrastructure et les services répondant aux besoins de nos clients. Nous sommes aussi infogérant : nos équipes internes aident à définir l’architecture hautement disponible. Elles mettent en place le middleware pour répartir les charges et délivrer des performances continues.
Quatre domaines d’excellence à réunir
Directrice de la haute école d’ingénieurs de Louvain en Belgique, Valérie Seront souligne quatre besoins principaux pour les années à venir : Le domaine énergétique est fondamental. La fourniture d’alimentations électriques s’avère indispensable au contrôle et à la commande du datacenter qui doit assurer des services de qualité, en toute sécurité. Et cela comprend un volet maintenance très important. Le besoin de compétences est multiple.
Une nouvelle formation aux métiers du datacenter a été créée à l’initiative d’un prestigieux voisin, le géant Google. Notre formation complémentaire se compose de cours en ligne de 6 à 12 semaines, voire sur une année pour un apprentissage en profondeur avec une semaine passée en laboratoire où l’on trouve une tour de refroidissement et des installations dans les quatre domaines clés du datacenter.
La souveraineté des données demeure un point de vigilance critique, à proximité de Bruxelles, confirme Valérie Seront : Les gros opérateurs cloud stockent de gros volumes, mais ils ne répondent pas à tous les besoins. Le réseau doit être très maillé, pour soutenir de plus en plus de services, y compris ceux de véhicules autonomes de la prochaine décennie. D’ailleurs pratiquement personne n’accède aux baies des géants du cloud car les conditions de sécurité y sont très strictes.
Une concentration pour gagner en efficacité
Il existe bien un manque de compétences pluri-disciplinaires pour accompagner l’évolution des datacenters actuellement, confirme Christophe Weiss, le directeur général du cabinet de conseil et d’ingénierie APL. Cela touche autant les métiers du bâtiment que ceux de l’IT.
Une autre priorité se dessine pour les années 2020 : La concentration consiste à regrouper les datacenters pour créer des double-sites auxquels, éventuellement, on attache un troisième site en tant que PRA. Ce regroupement de moyens permet de maîtriser les risques, d’être plus efficace sur le plan énergétique et de créer des infrastructures répondant à la nouvelle donne des constructeurs.
Si les contours du datacenter évoluent toujours en fonction des usages, doit-il être construit sur mesure ou à partir de modules standards ?
Cela dépend de la typologie des donneurs d’ordre, un hébergeur ou un Datacenter pour des besoins internes. Nous standardisons entre 5% et 10% des centres que nous réalisons chez nos clients, la plupart souhaitant imprimer leur marque. L’approche container représente très peu d’installations. C’est une solution simple et bonne en soi mais elle ne répond pas forcément aux besoins exprimés par les maîtres d’ouvrage, observe Christophe Weiss.