L’argent coule à flot pour l’intelligence artificielle concoctée en France. Il est d’origine public et privé ; investi pour conduire à nouveau l’innovation numérique depuis l’Hexagone.
Le président Emmanuel Macron a annoncé, à l’occasion du colloque AI for Humanity au Collège de France, des crédits publics à hauteur de 1,5 milliard d’euros, octroyés sur son premier quinquennat. Un montant astronomique à relativiser puisque le gouvernement Chinois a annoncé investir sept fois plus (13 milliards de dollars) dans les mêmes technologies.
« Je souhaite que la France soit l’un des leaders de l’intelligence artificielle (…) parce que c’est bon pour le pays et parce que je pense qu’il n’y aucune chance d’en contrer les effets pervers si nous ne faisons pas partie de l’aventure […] Nous avons les talents, nous avons tout pour relever le défi de l’IA » .
Le mathématicien lauréat de la médaille Fields Cédric Villani souhaite quant à lui « donner un sens à l’intelligence artificielle, pour une stratégie nationale et européenne » . Le rapport remis par le député de l’Essonne au gouvernement souligne que c’est l’une des clés du pouvoir de demain dans un monde numérique.
Deux fois plus d’étudiants en IA
Il préconise un grand institut de l’IA ; ce seront plutôt 4 à 5 instituts dédiés qui devront travailler en réseau, sous la coordination de l’INRIA. Le nombre des formations spécifiques devrait doubler grâce à une partie des financements prévus.
Concernant les données de santé, un Health Data Hub pilotera l’enrichissement continu et la valorisation du système national en intégrant, à terme, l’ensemble des remboursements issus de l’assurance-maladie, des données cliniques, de la médecine de ville et des données scientifiques. Les progrès dans ce domaine restent conditionnés à une garantie de confidentialité complète, souligne le Président de la République.
Pour l’émergence de véhicules autonomes, Emmanuel Macron veut accompagner l’innovation franco-allemande et l’essor de standards européens, pour ne pas subir les choix d’acteurs américains ou chinois. Il annoncera une stratégie dédiée en avril afin de placer la France dans le peloton de tête mondial. Un programme national d’expérimentations sera financé, impliquant les constructeurs, les équipementiers et les collectivités territoriales.
Des règles éthiques encadrant l’IA
Mais gare aux usages despotiques ! Afin que les citoyens puissent durablement choisir leur modèle de société, le développement de l’IA doit tenir compte des préférences collectives, en matière de respect des données privées notamment, a rappelé le chef de l’Etat. Il s’agit donc de réfléchir sans tarder à un engagement de non-discrimination sociale, ethnique ou sexuelle, rendu possible par l’ouverture des codes sources.
Le gouvernement encourage aussi l’investissement de grands groupes privés, y compris des GAFA. IBM, Samsung, Huawei, Fujitsu, Google et Microsoft ont déjà investi ou déclaré leur volonté d’investir en faveur de la filière IA locale.
Samsung et Fujitsu retiennent Paris pour leur centre de recherches dédiées. Et IBM a annoncé le recrutement de 400 experts en France d’ici à deux ans. Le plateau de Paris-Saclay, l’Université Lyon 1 et l’INRIA sont déjà soutenus dans leurs travaux, par les géants du web ou de l’électronique. De quoi conserver en France des cerveaux hier encore prompts à partir à l’étranger.
- Florian Douetteau, PDG et co-fondateur de Dataiku : Nos clients réfléchissent autour de l’Enterprise IA, du machine learning ou de la data science. Ils sont persuadés que la place du collaborateur au coeur du système est un facteur clé de succès pour l’adoption de l’IA et l’innovation autour de la donnée sur le long terme.
- Cabinet Wavestone : Le rapport Villani ne semble pas répondre aux deux enjeux majeurs de la France sur l’IA : le « passage à l’échelle » de start-up à géants de l’innovation et la prise en compte de ses enjeux par l’industrie traditionnelle.
- Pierre Hébrard, fondateur et CEO de Pricemoov : A nous startups françaises de trouver des usages innovants et positifs de cette formidable technologie pour se faire une place dans ce secteur, car les barrières à l’entrée vont être de plus en plus grandes!
- Jean-Jacques Bérard, Vice-Président R&D d’Esker : Il ne fait maintenant plus aucun doute que l’IA peut enfin s’attaquer aux tâches récurrentes, chronophages et non déterministes du back office. Un mouvement de fond, encore confidentiel, appelé « Robotic Process Automation » est en train d’émerger.