C’est l’un des derniers généralistes a faire évoluer les couches matérielles (microprocesseur Sparc S7, serveurs, baies de stockage), système (Solaris), middleware, bases de données et applications. Oracle sort dorénavant ses nouveaux logiciels nativement en mode SaaS. Une approche ‘priorité au Cloud’ qui semble se généraliser parmi les éditeurs de progiciels de gestion intégrés.
Mauvaise prédiction du PDG d’Oracle
Jusqu’en 2009, le PDG d’Oracle voyait dans l’informatique en nuage une simple mode, un non-sens et un charabia technologique dont l’engouement serait, au mieux, passager. Depuis, les développements et les acquisitions de Larry Ellison trahissent une stratégie de migration vers le cloud computing, devenu incontournable pour l’entreprise.
Le 28 juillet 2016, l’éditeur NetSuite est gobé par Oracle pour quelques 9,3 milliards de dollars ; sa plus grosse acquisition depuis celle de Peoplesoft en 2004.
Rival des Européens Cegid, Sage et SAP, NetSuite est déjà contrôlé à plus de 40% par Larry et quelques membres de la famille Ellison. Alors, pourquoi dépenser autant ?
La première motivation ne serait pas de mettre la main sur 4 milliards de dollars prêts à faire des petits. Selon le magazine Forbes, le self-made man dispose déjà d’une fortune proche de 52 milliards de dollars, le classant au second rang derrière Bill Gates et devant Jeff Bezos, sur le podium des premières fortunes technologiques.
Restons bons Zennemis
Larry Ellison a bien une revanche à prendre sur… son ancien lieutenant Marc Benioff, qu’il a promu Vice-Président d’Oracle à 35 ans, après 13 ans de bons et loyaux services. Les deux stratèges, adeptes du Bouddhisme Zen, se disent toujours amis.
Mais, depuis la fondation de Salesforce par Marc Benioff en 1999 et malgré le soutien initial de Larry Ellison, ils alternent les déclarations publiques contradictoires, oscillant du dénigrement au partenariat chaleureux. Quant à la capitalisation boursière de Salesforce, elle atteint 55,7 milliards de dollars selon le New-York Times.
Le patron de Salesforce a cru au pouvoir disruptif du cloud avant celui d’Oracle. Larry Ellison doit investir massivement pour combler son retard.
NetSuite fournit une base installée de clients internationaux, une nouvelle pile cloud à Oracle et un catalogue de progiciels multilingues et multi-devises, facturés à l’usage. Reste à vérifier la fidélité de ses clients, car l’abonné au modèle SaaS est prompt à tester d’autres prestataires et services cloud. Il peut même essayer gratuitement des formules innovantes dans le big data ou le machine learning, au travers d’éditeurs de logiciels open source tel Talend qui vient de réussir son entrée au Nasdaq.
« Nous travaillons beaucoup sur le déploiement de solutions cloud privées, comme une première étape pour déborder vers le cloud public Oracle », confirme David Dariouch, le directeur technique pour l’infrastructure cloud d’Oracle France.
Oracle mise sur sa capacité à construire l’infrastructure cloud de ses clients, avant d’y associer des offres IaaS ou PaaS sur son cloud public, en mode plan de reprise ou en débordement d’activités.
Tandis que les entreprises basculent leurs investissements informatiques vers le modèle des charges courantes (Opex), elles tentent de simplifier leur infrastructure privée autour de plateformes matérielles standards et de systèmes convergés.
« La portion la plus critique aux métiers ou aux performances est maintenue en interne, dans l’entreprise. Le cloud public devient un moyen de simplification et de rationalisation qui apporte de l’agilité. Le client se concentre sur la partie fonctionnelle des projets IT. Il délègue au fournisseur cloud l’exploitation de la couche infrastructure et gagne, au passage, une facilité de déploiement de nouveaux services ainsi que des sauvegardes externalisées. »
Grâce au modèle Backup as a Service, le client Oracle peut revenir en arrière à la transaction près ; la restauration de sa base, très fine, permet de retrouver l’état de ses données le jour souhaité, à la seconde près.
Mise au point rapide en mode SaaS
L’engouement croissant pour le Cloud s’explique aussi par la mise en production, plus rapide, de nouveaux services collaboratifs, mobiles et d’aide à la décision. L’approche Lift & Shift d’Oracle consiste à prendre une application d’entreprise telle quelle, puis à la migrer sans transformation sur une infrastructure IaaS. Ensuite, un projet de transformation mettra en œuvre les plateformes PaaS et services SaaS de la marque. La modernisation et les déploiements applicatifs sont fournis à la carte, facturés à la demande.
« Depuis plus d’un an, toute application adaptée avec de nouveaux services peut être déployée sur site ou sur le cloud. En terme de compatibilité et de réversibilité, c’est une simplification car la même application optimisée offre un comportement équivalent sur les clouds privé et public. »
Les progiciels de gestion cloud d’Oracle (ERP, SIRH, Customer Experience) ainsi que ses approches verticales pour la distribution, la santé ou les administrations s’adaptent à chaque modèle de déploiement.
En général, la pré-production et la production tournent en mode cloud privé ; le cloud public d’Oracle procurant de l’agilité, des développements et des tests externalisés sur des gestionnaires de données – Database as a Service – répliqués et sauvegardés sur plusieurs sites.
« La sécurité est un critère obligatoire dans le cloud pour l’accès aux données comme pour la gestion des identités numériques. Dans la santé, le respect de la vie privée passe par une réglementation stricte, les données personnelles devant être conservées durant plusieurs années ; nous mutualisons ces informations entre plusieurs CHU ou instituts de recherche. D’autres projets actuels, dans les collectivités, interfacent la vidéo-surveillance, les badges d’accès et les systèmes informatiques traditionnels comme la messagerie ou les applications métiers. L’organisation tient à s’assurer qui fait quoi, à augmenter son niveau de sécurité par tous les moyens imaginables », décrit le directeur technique.
Oracle opère vos serveurs Cloud Machines
Les applications les plus exigeantes ou les plus critiques au sens sécurité ou performances peuvent rejoindre un cloud privé, grâce à l’Oracle Cloud Machine. Cette offre s’apparente à un segment du cloud public d’Oracle, déplacé géographiquement et déployé derrière le pare-feu de l’entreprise, dans son infrastructure.
Techniquement, l’approche reste compatible avec la pile cloud OpenStack et les web services Java, SQL et HTML 5. Mais le vrai tour de force de l’éditeur consiste à préserver des revenus récurrents, via un modèle de paiement à l’usage.
« Nous opérons à distance les plateformes chez le client ; cette option intéresse les hébergeurs et tous les acteurs ne voulant pas externaliser de données. Ils font ainsi du cloud public sans sortir de chez eux », observe David Dariouch. Le schéma ci-contre éclaire les rôles et responsabilités partagés entre l’éditeur et ses clients Oracle Cloud Machine.