Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton et Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission Européenne ouvrent un marché unique de la donnée au profit des citoyens et des entreprises Européennes, et lancent un plan d’actions pour l’Intelligence Artificielle.
« C’est la première fois qu’un continent s’exprime sur l’IA. Tous nos citoyens doivent se sentir à l’aise, ce qui suppose de nouvelles règles. Or, on ne peut pas parler d’IA sans parler de données… Nous entrons dans une ère où les données massives proviendront des industries et des échanges inter-entreprises. Depuis la création de l’humanité, 40 Zettaoctets de données ont été générées par l’homme. Tous les 18 mois à présent, cette quantité va doubler. Il faut rester attentifs à la façon dont ces données seront créées et exploitées, par qui, par quoi, par quelle IA. L’Europe sera le champs de bataille principal et nous avons tout ce qu’il faut pour gagner cette bataille. »
Thierry Breton, Commissaire Européen au marché intérieur, ce mercredi 19 février 2020
Garantir la souveraineté et la confidentialité du cloud et des données massives, c’est le seul moyen d’assurer la compétitivité des organisations européennes face aux géants de l’IA basés aux USA et en Chine et dont les énormes plateformes exploitent nos données personnelles et professionnelles.
Un marché unique de la donnée
L’Europe veut constituer un marché unique de la donnée afin de permettre à la technologie de travailler au service des citoyens et non l’inverse :
« Nous souhaitons continuer à vivre dans une société durable, ouverte, démocratique, facilitant la transition verte par exemple par l’analyse d’images satellitaires pour vérifier la consommation des ressources et éviter les gâchis. On a besoin d’une approche cohérente et d’agir rapidement » , explique le commissaire européen.
Une IA moins opaque
Comment s’assurer que les robots à l’hôpital et les automobiles connectées prendront immédiatement la bonne décision ?
Quelques 350 entités sont référencées et se disent prêtes à travailler ensemble sur de nouvelles bases éthiques proposées par l’UE. Car la technologie peut également servir à créer des fake news et à mettre en danger la démocratie, soulignent ses représentants.
C’est pourquoi le livre blanc sur l’I.A. de la Commission souligne l’incontournable confiance des parties prenantes : au-delà d’un groupe d’excellence, il s’agit de créer un écosystème de confiance encadrant les usages de l’intelligence artificielle.
Cette première étape démarre par une consultation publique de douze semaines afin de préparer des éléments législatifs et de lancer les investissements nécessaires.
» Nous voulons bâtir des espaces de données pour l’industrie, pour la mobilité, pour les villes et mettre en place des règles de gouvernance. L’objectif est d’attirer, dans l’UE, un montant total de plus de 20 milliards d’euros d’investissements par an dans l’IA au cours de la décennie. »
Les fonds publics – Européens, nationaux et privés – en train d’être réunis doivent financer la R&D et regrouper les talents afin que les PME du vieux continent profitent, elles aussi, de la valorisation des données numériques.
Il faudra aussi créer des alliances et investir autour des plateformes HPC conçues pour la recherche et le monde académique.
« On peut économiser énormément d’argent au travers de l’IA. Mais sans calculateurs HPC, on ne pourra pas protéger notre population en matière de cybersécurité » prévenait déjà le député Européen Andrus Ansip l’an passé.
Un des objectifs de la Commission consiste à mieux informer les utilisateurs des buts et des limites des systèmes qu’ils utilisent. Leur précision dépend de plusieurs facteurs et leur qualité exige parfois un niveau d’implication humain.
Plus d’éthique autour des algorithmes
Comment vérifier que les systèmes intelligents prennent en compte et respectent les droits de chacun ? Par exemple, une reconnaissance faciale peut servir à identifier des individus à distance, selon leur visage, leur démarche ou d’autres critères encore. Autres perspectives à examiner : il y aura des situations de vie ou de mort, voire de discrémination, lors des prises de décision en temps réel.
Des groupes de réflexion vont se pencher sur l’éthique des algorithmes et des services intelligents. Ils vérifieront, en particulier, que les systèmes seront entrainés avec des données respectant les règles et les valeurs européennes.
Simon Gazikian, PDG de MyDataModels, confirme que dans l’embarqué, la vision artificielle et le B2B, les opportunités sont très nombreuses ; lire notre article MyDataModels relève les défis de l’IA sur small data.
Et Bob De Caux, Vice-Président IA d’IFS, se réjouit du nouvel élan donné au sujet de l’IA:
« En jouant la carte de l’éthique et de la transparence quant aux nouvelles règles sur l’IA, l’UE se montre prête à aider un vaste éventail d’entreprises – les start-ups comme les grands groupes – à se positionner face à l’IA, préconisant une démarche différente de celle des USA et de la Chine.
Même si une approche fondée sur la confiance n’est pas un business model en soi, il est temps de briser les barrières et stéréotypes qui ont éloigné les entreprises de l’IA au cours des dernières années, et de comprendre que même si celle-ci ne peut pas résoudre les problèmes d’un coup de baguette magique, sa valeur ajoutée est réelle pourvu qu’elle ait été implémentée correctement.
Il est encourageant de constater que le financement des recherches porte à la fois sur les algorithmes de machine learning et sur des approches compréhensibles pour l’humain, ce qui s’annonce nécessaire dans des secteurs, comme la santé, ou une supervision humaine reste indispensable. »