FinOps : le bouclier contre la volatilité des prix

Quelle économie réelle tirer d’une migration cloud ? Le FinOps cherche à optimiser les coûts d’infrastructures, leurs performances et opérations de maintenance.

Trois experts cloud ont partagé leur vision des enjeux FinOps à l’occasion du Forum des solutions cloud, IA et cybersécurité, en mars dernier à Paris.

« Nombre de nos clients retiennent plusieurs solutions cloud américaines et nous remontent le problème d’une facturation opaque. Ils ont du mal à déterminer quels services leur sont facturés précisément. La promesse d’un abonnement SaaS à 4 centimes de l’heure, rapportée sur 30 jours avec toutes les ressources réservées, utiles ou pas, leur coûte plusieurs centaines d’Euros par mois en réalité, » rapporte Vincent Burgevin, responsable marketing et partenariats de TAS Cloud Services. L’hébergeur de Sophia-Antipolis aiguille ses clients vers des configurations correspondant aux besoins des utilisateurs tout en s’attachant à leur donner le contrôle de ce qu’ils externalisent.

Tirer profit des technologies cloud

Nicolas Martinez, Directeur général de l’éditeur LayerOps note une recherche d’optimisation, application par application : « Les responsables d’entreprise veulent pouvoir choisir et mixer leurs propres ressources, maîtriser leurs coûts en fonction de chaque projet, de la criticité de l’application et des données. Notre outil multicloud apporte une vue unique des performances et des coûts, la portabilité et la résilience attendues d’une combinaison de solutions cloud. Faire un copier-coller d’applications internes vers une infrastructure cloud publique peut être tentant. Mais c’est une mauvaise pratique en réalité, car on ne profite pas des nouveaux outils de déploiement, ni de la consommation de ressources à la demande, ni d’une véritable approche FinOps. »

Christophe Lesur, Directeur général de Cloud Temple rappelle : « Les modèles financiers des prestataires cloud sont des modèles Opex et non Capex. En test, ces services sont souvent gratuits. Mais, on constate ensuite une évolution constante des grilles tarifaires. Chez les hyperscalers, les tarifs sont particulièrement volatiles. Faute d’une bonne connaissance de l’architecture sous-jacente, on ne peut pas suivre une méthodologie FinOps performante. Cela devient une source de stress pour le chef d’entreprise qui déteste le flou budgétaire. Les modèles de transition cloud sont documentés depuis cinq ans, avec des méthodes et frameworks d’adoption connus. Partir de la donnée métier, d’objectifs de disponibilité, de confidentialité, et de sécurité en incluant l’immunité aux lois extraterritoriales, permet d’identifier l’infrastructure cible et son modèle de facturation. »

Distinguer services cloud et exploitation sur site

Les motivations pour migrer vers le cloud sont souvent multiples ajoute-t-il : « En pratique, des contraintes de gestion d’énergie et de climatisation conduisent souvent à externaliser. Et on note aussi des contraintes humaines : après le départ de collaborateurs experts, on délègue plus volontiers la supervision d’infrastructures. Mais, à leur grand étonnement, de nombreuses entreprises réalisent que la migration cloud ne leur coûte pas moins cher. Pourquoi ? Elles sont passées à une consommation de ressources et de services, avec engagement de résultats sous peine de pénalités. Ce n’est pas ce qu’elles ont avec des infrastructures internes, pour lesquelles il faut investir en équipements et en ressources humaines. »

Plusieurs mots-valises sont apparus avec le cloud, tels DevOps, MLOps et FinOps, correspondant au rapprochement de plusieurs métiers, signale Vincent Burgevin : « les métiers financiers et ceux de l’exploitation IT se combinent dans l’approche FinOps. Pour le DSI, il s’agit d’éviter un dépassement de budget, de réagir à temps pour l’éviter, souvent via une infrastructure hybride. La voie royale n’est plus la migration 100% cloud public, auprès d’un hyperscaler, comme on l’a envisagé il y a cinq ans. »
Selon lui, le prestataire cloud de proximité apporte une économie circulaire – comme le petit producteur de fruits et légumes local – ; il fournit des ressources de stockage et de calcul proches des utilisateurs, et réduit le risque de perte de contrôle sur ses données.

Un suivi des engagements à effectuer

Christophe Lesur assimile l’approche FinOps à l’alignement d’infrastructures sur les enjeux des métiers, avec de précieux accords de niveaux de services, de niveaux de sécurité (Service Level Agreement), et des indicateurs de performances à suivre de façon soignée. « L’acte de FinOps correspond à vérifier, chaque mois, que le contrat entre le métier et la production externalisée est bien respecté. »

Nicolas Martinez souligne : « Les choix d’entreprise sont conditionnés à une garantie de portabilité de leurs données, sans verrouillage fournisseur. Elles veulent pouvoir changer rapidement de prestataire technologique et à moindre coût. C’est le vrai sujet FinOps du moment. Cependant, l’équipe informatique doit rester vigilante sur ses montées de versions, car un hyperscaler bascule automatiquement en mode de support étendu, après deux mises à niveau négligées, ce qui peut multiplier la facture cloud par six. »

Les nouveaux tarifs de VMware, suite à son acquisition par Broadcom, ont conduit de nombreuses entreprises à chercher une alternative à moindre coût. « Chacun gagne à comparer les offres de virtualisation et les solutions cloud selon ses propres usages, » recommande Vincent Burgevin.


L’IA révolutionne les opérations systèmes

Christophe Lesur souligne trois tendances : « En 2025, l’automatisation des infrastructures doit permettre à l’humain de n’intervenir qu’en phase de validation. Grâce à l’automatisation, on peut gagner en scalabilité, en sécurité et réduire le nombre d’erreurs humaines. La conteneurisation de fonctions applicatives accélère également depuis un an. Grâce à elle, on consomme moins de ressources et moins d’énergie, et on peut migrer plus facilement. Enfin, les systèmes agentiques sont en train de plier le jeu. Une nuée d’agents adossés à des modèles linguistiques entrent actuellement au service d’opérations déterministes réalisées très rapidement, et pour une fraction du coût. On se concentre sur les opérations systèmes de premier niveau d’administrateur, mais ce n’est qu’un début. Ne pas investir dans cette voie représenterait un risque existentiel pour notre métier. La prise de décisions incombe toujours à un expert ayant une compréhension large des problèmes. L’administrateur devra se rapprocher des métiers, pour cerner leurs objectifs, identifier les données et traitements devant bénéficier de la meilleure disponibilité, du redémarrage en 4 heures, 8 heures ou 24 heures, en cas d’incident. »

Retrouvez les panels du Forum IA.Cloud de mars 2025 et les comptes-rendus des sessions préparées et animées par PulsEdit.

Auteur de l’article : la Rédaction

Journaliste et fondateur de l'agence éditoriale PulsEdit, Olivier Bouzereau coordonne la communauté open source OW2, conçoit des services et contenus en ligne, des conférences et formations pour les professionnels du numérique, des médias et de la santé. Profil LinkedIn.