La quinzième édition du congrès DataCloud World s’est tenue à Monaco du 12 au 14 juin, au Grimaldi Forum. Les professionnels d’environ 2000 entreprises implantées dans 80 pays ont échangé autour des risques et opportunités liées à la redistribution des traitements et données numériques.
« Le marché de l’énergie est sous pression actuellement, atteste Kevin Brown, le CTO de Schneider Electric. La consommation globale progresse vite. Le logiciel devient un facilitateur impliquant le grid et les batteries de stockage d’énergie électrique. Il s’agit de remplacer d’anciens générateurs, mais aussi d’alimenter les automobiles électriques et de satisfaire plusieurs autres usages simultanément. »
Des unités de calcul GPU gourmandes en énergie
Les dernières tendances informatiques ont un impact sur la conception des racks. En particulier, « les baies d’équipements IT évoluent avec l’hyperconvergence et avec les serveurs équipés de mémoires NVMe. Elles accueillent davantage d’unités de calcul graphiques GPU, exigeant 200 à 300 Watts par serveur contre 100 à 250 Watts jusqu’ici. »
Les applications de l’intelligence artificielle et le minage des crypto-monnaies, en faisant un usage intensif d’unités de calcul CPU et GPU, requièrent davantage de puissance et de dissipation thermique. Avec l’HyperPod, Schneider Electric propose une architecture composable où l’alimentation et le refroidissement servent des allées de 8 à 12 racks, par incréments, selon les caractéristiques des services délivrés.
Jean-Baptiste Plagne, le Vice-President de Schneider Electric chargé de la division IT souligne l’importance du savoir-faire en reprise et de continuité d’activités informatiques : « Nous sommes offreurs de technologies et devons avoir une connaissance de l’environnement global, du refroidissement à l’hydraulique en passant par les déplacements de workloads automatiques. C’est essentiel pour l’analyse et la bonne répartition des ressources dans les salles et dans les racks ».
L’équipementier français devient, avec le soutien de ses partenaires, un véritable prestataire de services cloud. « Nous avons mis en place à Lyon, un premier centre de supervision de datacenters avec des experts techniques étudiant l’historique des journaux des serveurs et des équipements IT pour être en mesure de faire du prédictif. Il faut tendre vers le zéro défaut, offrir une très haute disponibilité, et cela passe par la détection des dysfonctionnements avant que les pannes n’interviennent. »
Réutiliser la chaleur et réduire le TCO
La concurrence s’organise aussi dans ce sens, à l’instar du suédois SystemAir qui dispose de 28 usines dans le monde et de 5200 salariés pour un chiffre d’affaires de 750 millions de dollars. Il équipe des centres de toutes tailles, de 25 KW à 10 MW pour l’entreprise et la colocation.
Pär Johannson, directeur du développement de SystemAir confirme : « En Islande, en Finlande et en Suède, les technologies de blockchain gagnent les datacenters et la densité des serveurs augmente. Pour que l’activité soit durable, réutiliser la chaleur devient crucial ; le refroidissement par eau, déjà trop important, doit diminuer ».
L’industrie suit cette piste, guidée par les géants de l’Internet qui veulent afficher une attitude green, et par une règlementation des émissions nocives cherchant à « interdire l’usage du gaz Fréon, d’ici à cinq ans. L’industrie doit suivre le code de bonne conduite des datacenters, implémenter l’IoT pour refroidir les baies de façon plus efficace, et réduire le coût total d’appropriation (TCO) du datacenter » , conclut-il.
Outre l’indice PUE (Power Usage Effectiveness), les métriques ERE (Energy Reuse Effectiveness) et DCCE (Datacenter Compute Efficiency) rendent compte précisément des stratégies des centres de données pour s’améliorer. Contrôler régulièrement ces indices procure des éléments de comparaison et d’appréciation du retour sur investissement du datacenter.
Alessandro Zerbetto, le directeur marketing d’HiRef Spa, un équipementier basé à Padoue (Italie), signale que les opérateurs mobiles surveillent d’autres critères néanmoins : « Le PUE n’est pas la préoccupation principale des opérateurs qui cherchent des services opérationnels en 24/7. Grâce à notre système personnalisé, ils peuvent réduire de 2 jours à 5 heures le délai de remplacement de leur climatisation. Cela réduit le temps d’indisponibilité de leurs cellules mobiles et contribue à fidéliser leurs clients. »
Enfin, c’est en réalité virtuelle que Vertiv (ex-Emerson Network Power) présentait sur DataCloud 2018 un datacenter de colocation modulaire de niveau Tier III. Là aussi, le bâtiment érigé pour un client international est équipé d’alimentations sécurisées et de refroidissement de dernière génération.