Les dernières grandes captations technologiques concernent les infrastructures pilotées par logiciels, les plateformes cloud, les objets connectés et l’IA.
Durant l’été, les fusions-acquisitions ne marquent pas de pause. Retour sur les principales opérations de ces derniers mois, à plus d’un milliard de dollars.
Broadcom gobe CA Technologies
L’annonce surprise du 11 juillet concerne l’acquisition de l’éditeur de logiciels d’entreprise CA par le concepteur de composants électroniques Broadcom, pour quelques 18,9 milliards de dollars réglés en cash. Hock Tan, president et CEO de Broadcom veut bâtir un géant des technologies d’infrastructures informatiques. Or celles-ci sont de plus en plus pilotées par des logiciels. Le seul marché du SDDC (software defined datacenter) va croître de 26,5% par an d’ici à la fin 2021 où il pèsera 83,2 milliards de dollars selon Markets&Markets. Dans ce centre de données, les principales ressources informatiques – serveurs, stockage et réseaux – se re-configurent rapidement par software. Cela rend la production IT plus souple, tout en réduisant les coûts d’exploitation et en permettant d’accélérer la mise en route de nouveaux services.
Atos met la main sur Syntel
Captée par Atos pour 3,4 milliards de dollars le 22 juillet 2018, Syntel vient gonfler la division Business & Platform Solutions du groupe Français. Atos se renforce sur les marchés banque, finance, et assurance outre-Atlantique et propose une offre complète de services aux clients nord-américains. Syntel est riche de 23 000 collaborateurs dans 30 pays, dont plus de 18 000 talents basés en Inde. L’objectif ? Optimiser la répartition offshore/onshore du personnel. La plateforme de production d’Atos – très profitable – s’enrichit aussi de nouveaux mécanismes d’automatisation, développements Cloud, mobiles, IoT et d’analyses de flux de données. La combinaison des deux groupes devrait générer 120 millions de dollars de synergies de coûts par an à la fin 2021, via des économies sur les achats, l’immobilier et les fonctions supports.
Microsoft avale GitHub
En avalant GitHub pour 7,5 milliards de dollars, par échanges d’actions, Microsoft a signé en mai la troisième plus grosse acquisition de son histoire, après LinkedIn et Skype. L’éditeur de Seattle nomme aussitôt Nat Friedman, l’ex-patron de Xamarin (développements mobiles) à la tête de GitHub. Mais pourquoi débourser 30 fois les recettes annuelles de la plateforme de développement collaborative ? Pour ses 28 millions de développeurs à convaincre bien sûr : il s’agit de les inciter à déployer leurs codes open source sur le cloud Azure pour servir tous les environnements clients fixes et mobiles. Satya Nadella, le PDG de Microsoft, leur promet ouverture et interopérabilité, dans les nuages comme sur terre : « GitHub restera une plateforme ouverte, que tout développeur pourra rallier et étendre. Outre l’utilisation des langages de programmation, outils et systèmes d’exploitation de leur choix pour leur projet, les développeurs pourront toujours déployer leurs codes sur n’importe quel Cloud et vers n’importe quel terminal. »
Cisco investit dans la cybersécurité
En août, l’équipementier réseau raffle les solutions d’authentification et d’accès de Duo Security pour 2,35 milliards de dollars. Cisco acquiert ainsi des logiciels SaaS d’authentification à double facteur, reposant sur le cloud. Son axe de développement stratégique se déplace des commutateurs et routeurs vers les logiciels d’infrastructure, dans la même direction que Broadcom donc. Avec BroadSoft, acquis pour 1,9 milliard de dollars en février dernier, Cisco s’est renforcé aussi dans les centres d’appels et de contacts dans le cloud.
Des acquisitions qui tracent la route
Cette liste doit être complétée par l’achat de Travelclick par Amadeus et par l’acquisition de l’éditeur de solutions e-commerce Magento par Adobe (1,7 milliard de dollars), confirmant l’intérêt croissant pour les services cloud professionnels.
Salesforce se renforce, pour sa part, dans l’intégration des applications d’entreprise avec MuleSoft payé 6,5 milliards de dollars.
Toute politique d’acquisition est un moyen de capter des clients, de gagner des parts de marché, mais aussi de relever de nouveaux défis avec d’autres talents, partenaires et projets.
Chaque dirigeant souhaite marquer son passage dans l’organisation. Pour conquérir de nouveaux segments de marché en forte croissance, il invite les actionnaires à tourner une nouvelle page.
L’acquisition d’une technologie de pointe gomme aussi les doutes pouvant surgir face aux résultats aléatoires de la R&D ou de business units en perte de vitesse. Les formalités financières et juridiques une fois passées, une nouvelle feuille de route peut être annoncée publiquement qui intègre les technologies récemment captées.