Le correcteur français-anglais édité par le québécois Druide est disponible en version 10 sous linux, Mac et Windows. Ses dictionnaires et guides linguistiques en font un allié puissant du rédacteur bilingue, un contrepoison efficace aux fautes d’orthographe comme aux maladresses langagières.
La première version d’Antidote est apparue en novembre 1996. Vingt-deux ans plus tard, plus d’un million quatre cent mille exemplaires ont été écoulés. Les améliorations de la version 10 ne devraient pas tasser cette progression, en dépit d’une concurrence toujours plus farouche sur le Web.
Le choix et l’accord des mots
L’aide à la rédaction passe par le choix de bons mots, en anglais comme en français. Des mots bien accordés. Sans abus de familiarités ni de répétitions.
Les dictionnaires unissent les deux langues en donnant la traduction de 2,5 millions de mots et expressions.
Un simple examen du champ lexical du « musicien » liste jusqu’à 450 noms, 110 adjectifs, 37 verbes et 94 noms propres, de Beethoven à Clapton en passant par Poulenc, Hendrix ou Led Zeppelin. Heureusement, une sélection est proposée pour chaque catégorie, afin que l’affichage demeure synthétique tout en restant extensible d’un clic.
Avez-vous un doute sur le pluriel d’ayant droit ? Antidote vous rassure aussitôt : c’est bien « ayants droit », « assignees » en anglais ; ce dernier mot est d’ailleurs issu du vieux français assigné.
L’entiercement est rarement utilisé en français – on évoque plus précisément la fonction de notaire ; en revanche, sa traduction anglaise « escrow » est bien plus fréquente. Dès lors, on comprend mieux la perplexité de l’expatrié devant se rendre chez l’escrow pour signer un compromis.
Qui surveille la grossesse et pratique l’accouchement ? Le plus souvent des femmes, mais parfois aussi des hommes ‘sages-femmes’ avec deux ‘s’. L’Académie française propose un autre masculin : maïeuticien, en référence à la méthode de Socrate ; la maïeutique révèle la vérité (accouche l’esprit) par une série de questions. L’Office québécois de la langue française préfère ‘sage-homme’ tandis que les belges, dans leur sagesse, ont adopté l’infirmier accoucheur. L’anglais décline midwife/midwives jusqu’au verbe ‘to midwife’ pour accoucher sans prise de tête !
Contourner habilement l’écriture inclusive
Un filtre d’inclusivité signale les éléments du texte qui demandent une vérification en regard de la rédaction inclusive. « Des options permettent le traitement prioritaire des cas les plus saillants, entre autres si le texte est destiné à être lu à voix haute », précise l’éditeur. De même, un autre filtre signale les doublets et recommande une distribution judicieuse pour ne pas alourdir le texte ni en rendre la lecture saccadée.
Autre astuce suggérée par Antidote, l’usage de noms collectifs remplace avantageusement un nom masculin ou féminin non inclusif. Par exemple, « la communauté scientifique » évite de systématiquement citer « les chercheurs, les chercheuses » ; de même, l’électorat évite « les électeurs, les électrices » ou encore les parents remplacent « le père, la mère », sans relancer le débat des couples de même sexe.
Des articles sur les points de langue
Faut-il attacher un symbole aux marques déposées ou commerciales en français comme en anglais ?
Antidote propose 105 points de langue – de vrais articles complets et instructifs – non pas pour procrastiner, mais pour mieux choisir ses expressions écrites. Voici un court extrait de l’un d’eux, en guise de réponse : « Dans certains pays de common law comme les États-Unis, les symboles ®, ™ et ℠ peuvent avoir une portée juridique, mais au Canada et dans les pays de droit civil, comme la France ou la Belgique, aucun des symboles ou sigles que nous avons mentionnés n’a de caractère obligatoire, ni pour un tiers qui cite la marque dans un texte ni pour son propriétaire. Celui-ci a toutefois intérêt à indiquer au public le statut de sa marque au moyen d’un tel symbole, qui sert aussi de mise en garde aux éventuels concurrents qui voudraient adopter une marque identique. »
L’indice de lisibilité
Distribué en France par Mysoft, Antidote 10 est proposé au prix de 119 euros pour le français ou l’anglais. Les utilisateurs peuvent télécharger la langue complémentaire depuis le site de Druide, au prix de 40 euros. Les propriétaires d’une édition antérieure peuvent mettre une langue à niveau pour 49 euros, ou les deux langues à la fois pour 79 euros.