Pour guider les visiteurs du Forum IA.Cloud dans leurs choix de migration d’infrastructure, Michel Calmejane, associé chez Fox Business Consulting, et Bruno Hamon, fondateur de Loona Consulting, ont partagé leur expérience acquise durant plusieurs décennies.
Michel Calmejane, associé chez Fox Business Consulting, a récemment accompagné plusieurs DSI vers le cloud et l’IA, après avoir œuvré chez Colt, OVH, et Monaco Cloud.
Des enjeux économiques, techniques, politiques et juridiques nous invitent à retenir une stratégie cloud hybride en 2025, défend-il : « Les réseaux d’opérateurs cloud savent contenir des cyberattaques de type DDoS de grande ampleur, contrairement aux infrastructures internes. Autre exemple récent, les bombardements de sites en Ukraine ont conduit plusieurs banques à migrer leurs services et données critiques à l’étranger. »
Répartition des workloads
Les enjeux de chiffrement, de conformité et la restructuration des SI pour l’IA – générative ou RAG (retrieval augmented generation) – ajoutent de nouveaux critères de sélection. « En définitive, les sociétés arbitrent leurs choix selon les projets, les coûts et la sécurité. Elles doivent préciser les workloads à conserver en interne, celles à héberger chez un prestataire français ou européen, les moins confidentielles pouvant rejoindre un hyperscaler. »
Sécurité, souveraineté, résilience
Bruno Hamon repose le débat : « A-t-on encore besoin de datacenters en interne par rapport à l’offre edge datacenter, cloud et multicloud actuelle ? Je réponds oui. Les deux infras peuvent co-exister. Déjà 93% des entreprises dans le monde ont un service cloud et 75% deux services cloud au moins. Le cloud est incontournable en 2025. »
Cependant, dès qu’on migre une partie de son réseau ou de ses services vers le cloud, la cybersécurité change de périmètre. Pendant plus de 20 ans, Bruno Hamon a accompagné les entreprises à mettre en place un PCA (plan de continuité d’activités), pour assurer la continuité de leurs activités métiers et celle des activités informatiques. Il observe :
« Les infrastructures cloud et les datacenters présentent chacun des avantages et des inconvénients. L’intérêt de conserver ses données chez soi, c’est qu’on ne dépend pas d’un prestataire et qu’on maîtrise mieux ses coûts. L’inconvénient : cela coûte plus cher. Mais les hyperscalers ont tous vécu des pannes aussi… La sécurité et la souveraineté forment les deux principales préoccupations des patrons d’entreprise à propos du cloud. Ils se demandent si, en cas d’incident, ils pourront récupérer leurs données et redémarrer rapidement. »
Il préconise de prendre en compte quatre piliers pour améliorer sa résilience IT : « l’anticipation, la protection, la réponse et la récupération des données. Pour réduire son exposition aux risques, les normes ISO 27001 et suivantes, la méthode d’analyse de risques Ebios, la cartographie et d’autres outils s’avèrent précieux. Mais surtout, l’approche métier dicte les services à redémarrer en priorité. Reste encore à faire régulièrement des tests et des exercices de gestion de crise. »
L’IA change-t-elle vraiment la donne ?
« Oui, et cela pour deux raisons au moins, explique Michel Calmejane. Sourcer des GPU s’avère coûteux et l’architecture à bâtir pour répondre aux besoins impose un changement de paradigme. Les investissements annoncés semblent démesurés ; sans doute un effet d’annonce pour lever du cash… Néanmoins, de nombreuses entreprises qui étaient hébergées dans un datacenter de colocation basculent vers le cloud et l’IA actuellement. Leur valorisation augmente avec les projets d’IA, à condition qu’elles présentent des cas d’usage réalistes, susceptibles d’augmenter leur chiffre d’affaires. »
