Meg Whitman veut imposer HP Enterprise sur les infrastructures opérées à distance. Mais face au glouton Dell Technologies, aux challengers asiatiques et au pionnier Rackspace, sa marge de manœuvre reste étroite.
Imaginez Carlos Ghosn, manager de Renault, céder ses utilitaires pour investir dans le partage de bicyclettes électriques. C’est une transformation semblable que tente Meg Whitman ; pour soutenir ses services cloud managés, elle veut obtenir 8 à 10 milliards de dollars de la cession des logiciels HPE.
Un dossier récent publié par Reuters confirme l’offre de reprise du fonds Thoma Bravo, mais sans transaction finalisée. HPE a confié à la banque Goldman Sachs la gestion de cette délicate opération financière.
[MISE A JOUR] : Un projet de fusion, valorisé environ 8,8 milliards de dollars, devrait finalement rapprocher l’éditeur anglais MicroFocus de la branche logiciels d’entreprise d’HPE. L’opération devrait être soldée dans le courant du troisième trimestre 2017, précise un communiqué commun.
Plus flexible, HPE veut gagner le cloud managé
D’ici à la fin 2020, huit infrastructures réseaux d’entreprise sur dix seront délivrées en pay–per-use, estime le cabinet d’études IDC.
La stratégie HPE d’hyperconvergence à coûts maîtrisés suit cette perspective. Rappelons que le groupe californien Hewlett-Packard s’est scindé en deux sociétés en 2015, HP Enterprise portant les infrastructures, services et logiciels, tandis qu’HP Inc. conserve les PC et les périphériques d’impression.
La fragmentation du géant de l’informatique se poursuit. Meg Whitman à déjà cédé fin mai l’activité services (incluant l’ex-EDS) à CSC, Computer Sciences Corp.
Selon elle, l’agilité requise dans le domaine du cloud managé exige des structures très réactives, de taille modeste.
L’antenne logiciels d’HPE comprend des offres big data (Mercury Interactive, Vertica Systems) et des solutions de cybersécurité (ArcSight). Elle inclut aussi les programmes du britannique Autonomy, acquis 11 milliards de dollars par HP en 2011, puis vite dépréciés ; cet épisode a marqué la fin de l’ère Leo Apotheker, remplacé par Meg Whitman.
Le rival Dell Technologies vise les clients VMware
En compétition avec Meg sur les clouds privés d’entreprise, Michael Dell pense de façon diamétralement opposée.
Il veut réunir sous une nouvelle bannière toutes les ressources clés dont les organisations ont besoin pour délivrer des services virtualisés. En particulier, il regroupe les composants pour former un catalogue d’offres concurrentes des gammes HyperConverged et Proliant d’HPE.
A VMworld, Dell vient de répliquer par une solution hyperconvergée de virtualisation des postes de travail et des applications baptisée Dell Solutions for VMware Virtual SAN Ready Nodes, disponible en fin d’année.
Suite à l’acquisition d’EMC pour 67 milliards de dollars, Dell deviendra, le 7 septembre prochain, Dell Technologies.
Le groupe texan confirme qu’à compter de ce jour, les actionnaires d’EMC recevront un peu plus de 24 dollars par action détenue plus 0,111 titre par action VMWare détenue, l’éditeur étant à 80% filiale d’EMC.
Rackspace fuit la pression de Wall Street
La société VMware restera cotée en bourse tandis que Dell en est sortie à l’été 2013, pour échapper à la pression de Wall Street.
Un autre pionnier texan de l’informatique en nuage, l’hébergeur Rackspace, est en train d’oublier la bourse également. Co-concepteur avec la Nasa du framework OpenStack, Rackspace n’a pas réussi à s’imposer face aux clouds publics Amazon, Google et Microsoft.
Comme HPE et Dell, l’hébergeur cherche à conquérir les clouds managés. Mais sa stratégie 100% open source exige un tremplin financier ; le fonds d’investissement Apollo Global Management a confirmé son accord pour acquérir Rackspace moyennant 4.3 milliards de dollars. L’opération devrait être soldée fin 2016.