La jeune pousse niçoise simplifie la transmission de l’héritage numérique, via un coffre-fort chiffré hors-ligne, et avec l’intermédiaire d’un tiers de confiance sous contrat.
Au décès d’un proche, de nombreuses démarches attendent les héritiers. Plusieurs forfaits et abonnements doivent être résiliés, les contenus numériques des réseaux sociaux (photos, enregistrements) doivent revenir aux descendants ou aux ascendants. De plus en plus souvent, les actifs numériques incluent des portefeuilles de cryptomonnaies, des cagnottes en ligne, comptes PayPal, ou d’autres placements dématérialisés rarement référencés chez le notaire. Du coup, de multiples souvenirs et de précieuses valeurs pécuniaires disparaissent avec le défunt.
La startup Legapass répond à ce défi en archivant la liste de ces actifs et leurs identifiants d’accès à long terme, de manière sécurisée, pour les restituer aux ayants droit, via l’intermédiaire d’un huissier à qui une partie des clés de décryptage est confiée.
« Il y a encore cinq ans, personne ne parlait d’héritage numérique. A présent, les notaires y sont sensibles, »
Jean-Charles Chemin, ingénieur et cofondateur de Legapass (au centre de la photo ci-dessous, aux côtés d’Eric Maïda, et d’Adelina Prokhorova, cofondateurs et également ingénieurs informatiques).
D’autres professionnels, incluant les conseils en gestion de patrimoine, assureurs, tuteurs ou family office ne manqueront pas de s’intéresser à la solution développée en 2023, et disponible depuis le 8 janvier 2024. Un ensemble de logiciels qui continue d’évoluer au fil des semaines.
Les chasseurs de bugs de la plateforme de Bug Bounty YesWehack sont d’ailleurs régulièrement mis à contribution pour le renforcer. Le programme a récemment obtenu le label Etik, décerné par le Conseil Supérieur du Notariat, assurant sa conformité aux standards éthiques et de sécurité exigés par la profession notariale.
« Seule une vingtaine d’éditeurs sont labellisés en France, le cahier des charges étant de plus en plus strict. Des auditeurs viennent vérifier les moyens de protection des données et le montage des technologies de sécurité sur site. Nous avons développé Legapass pour les particuliers et pour les chefs d’entreprise qui l’adoptent contre un abonnement de 59 euros par an, ou une licence perpétuelle de 399 euros. A présent, nous offrons aussi notre Radar Legapass aux notaires afin qu’ils puissent rassembler rapidement les actifs numériques du défunt et réaliser l’inventaire complet de son patrimoine numérique, » précise l’ingénieur.
En pratique, l’utilisateur transmet ses données confidentielles (l’inventaire de ses biens, ses titres de propriété dématérialisés, moyens d’accès, clés privés, mots de passe, instructions ou connaissances) depuis son smartphone ou son ordinateur, afin de les sceller dans un coffre-fort Legapass. Il ne reste plus qu’à préciser, dans un testament, que les codes d’accès des actifs numériques se trouvent dans un coffre-fort Legapass. Ensuite, les données du coffre-fort numérique restent inaccessibles depuis Internet et indéchiffrables par les équipes techniques. Seule l’intervention d’un huissier sous contrat pourra compléter les clés nécessaires aux ayants droit souhaitant déchiffrer l’ensemble des contenus numériques archivés.
Au cœur des technologies de sécurité du tiers de confiance, on retrouve un chiffrement asymétrique évolutif élaboré avec une équipe de recherche du CNRS et faisant l’objet d’un dépôt de brevet en cours. Il est associé à un stockage hors-ligne, répliqué dans plusieurs endroits en France.
« Les cryptomonnaies, la collecte de fonds sur Internet (crowdfunding), les contrats d’assurance-vie et les investissements dématérialisés qui échappent aux successions représentent des pertes financières de plusieurs millions d’Euros. Autant d’argent que l’on peut ramener dans l’économie, grâce à Legapass, » souligne Jean-Charles Chemin.