Brexit ou Dataxit ? A Londres, la perspective de quitter l’Union Européenne plonge les Datacenters dans l’incertitude.
Maintenir le siège des entreprises à Londres par une fiscalité allégée – dont un impôt sur les bénéfices de 15%, en baisse de cinq points – suffira-t’il à retenir les données numériques des multinationales en Grande-Bretagne ?
Pas sûr. Les banques américaines et européennes ainsi que les compagnies aériennes EasyJet et Ryanair s’apprêtent déjà à déplacer une partie de leurs activités hors du Royaume-Uni. Pire, le cabinet PriceWaterhouseCoopers estime que le Brexit pourrait coûter de 70 000 à 100 000 emplois d’ici à 2020 dans le seul secteur financier.
La volatilité du marché de l’externalisation et les doutes provoqués par le vote des citoyens britanniques vont affecter la position dominante de Londres pour la location des données numériques,
prévient tout-de-go Rory Duncan, le Directeur de recherches du cabinet 451 Research.
Selon un rapport récent de l’analyste, les multinationales ont retenu un centre de colocation à Londres comme premier choix pour héberger leurs services en ligne à destination de l’Europe, mais cela pourrait changer prochainement :
Plusieurs prestataires et leurs clients considèrent déjà les sites de Francfort ou d’Amsterdam en vue de simplifier leurs activités au sein de l’Union Européenne.
Et en France ? Marseille et Paris pourront tirer leur épingle du jeu. Data4 bâtit déjà trois centres à Saclay, en région parisienne. Pour Fabrice Coquio, le président d’Interxion France, le Brexit va même accélérer la redistribution des points de présence vers le sud de l’Europe :
Nous assistons à une redistribution des investissements vers l’Europe du Sud, avec notamment l’arrivée de la nouvelle génération de câbles sous-marins (SEA-ME-WE 5 et AAE-1) à Marseille, et au rééquilibrage des flux réseaux vers Paris et Marseille. Le Brexit viendrait donc accélérer cette redistribution des points de présence vers le sud de l’Europe.
La parade des hébergeurs Anglais dépendra du nombre de contrats non renouvelés et de l’importance de la baisse des demandes d’hébergement de serveurs sur leur propre sol. Les premiers avertissements sur résultats émanent, pour l’heure, des compagnies aériennes EasyJet et IAG, la maison mère de British Airways, ainsi que du réseau d’agences immobilières Foxtons.
A court terme (jusqu’en 2018) le résultat du référendum aura presque certainement ‘un impact négatif sur les prix et le nombre de transactions immobilières‘, prévoit pour sa part le Centre for Economics and Business Research (CEBR).