EuroHPC va développer des super-ordinateurs compétitifs avec le soutien de 25 pays conscients qu’ils doivent s’affranchir des technologies asiatiques et américaines pour leurs recherches, simulations et calculs scientifiques.
« Nous avons besoin de super-ordinateurs pour concevoir de nouveaux avions, des produits innovants ou pour simuler les accidents de voiture, par exemple. On peut économiser énormément d’argent au travers de l’IA. Et sans ces calculateurs HPC, on ne pourra pas protéger notre population en matière de cybersécurité », explique Andrus Ansip, Vice-Président en charge du marché numérique à la Commission Européenne.
Il ajoute que les recherches universitaires et l’industrie du continent consomment 30% des capacités mondiales tandis que nous n’en produisons que 5%.
Parmi les défis sociétaux restant à résoudre, on mentionne régulièrement les sciences du climat et de la terre, les énergies propres et efficaces, la défense et la cyber-sécurité.
Bruxelles y ajoute le bien-être des citoyens de l’Union dans le cadre des changements démographiques, la sécurité alimentaire, l’agriculture durable, la recherche maritime et la bio-économie, sans oublier la planification des villes vertes et connectées.
Afin de soutenir et de renforcer les traitements de données massives en toute autonomie, l’Europe doit passer des déclarations aux résultats ; c’est la raison pour laquelle elle s’engage dans un vaste chantier de modernisation, baptisé Digital Europe.
Passer des déclarations aux résultats
La nouvelle structure juridique indépendante, EuroHPC, démarrera ses activités dans les semaines à venir.
Basé au Luxembourg, son comité de direction s’entoure d’un conseil scientifique et industriel pour établir une première feuille de route sur deux ans. Ce programme va déclencher un nouvel appel à projets de recherche et d’innovation, début 2019, aboutissant à des résultats concrets.
En effet ces projets contribueront à fournir et à déployer l’infrastructure HPC pan-européenne mise à la disposition d’acteurs publics et privés.
Une course de vitesse
La souveraineté numérique de l’Europe passe par une première perfusion à hauteur de 1 milliard d’euros d’ici à la fin 2020. Cette somme sera financée à 50% par Bruxelles et à 50% par les 25 pays co-signataires ; seuls Chypre, Malte et la Suède manquent à l’appel, ainsi que le Royaume-Uni empêtré dans son Brexit.
Les industriels européens, tel Atos engagé dans l’approche quantique, devront financer pour leur part, plus de 400 millions d’euros complémentaires, durant la décennie à venir, pour assurer un leadership Européen dans les applications scientifiques et industrielles.
Inscrire l’Europe sur le podium mondial des fournisseurs HPC est bien l’enjeu auquel EuroHPC doit participer en aidant à bâtir des calculateurs pré-exascale (1017, c’est à dire cent millions de milliards d’opérations/seconde) dès 2020. Les ordinateurs exascale (1018 soit un milliard de milliards de d’opérations/seconde) sont prévus pour 2022. Puis, les machines post-exascale émergeront sur le marché vers 2026.
Face à cette accélération, la Commission suggère de débloquer une enveloppe de 2,7 milliards d’euros en dix ans.
Un effort indispensable pour soutenir les développements de technologies HPC de la prochaine génération et faciliter, à temps face à la concurrence, leur intégration dans les systèmes exascale.